(f) K. STEWART ♦ but i'm the only one to blame.

« Et, toi là. Je... J'ai besoin de beuh. » Ziggy la dévisagea et s'esclaffa, l'air vaguement moqueur. Elle s'était plantée devant lui, hésitante, après avoir longuement discuter à voix basse avec une de ses amies en lui jetant des coups d'œil fréquents. « Arrête ton char, j'parie que t'as jamais fumer de ta vie. » « Qu'est-ce que tu en sais ? Bon, tu en as ou pas ? » « J'en ai. T'as de quoi payer ? » « Euh... C'est combien ? » Il rit derechef. « Écoute, mon trésor, j'ai pas de temps à perdre. » Elle ne répondit pas, blessée que cet homme qu'elle épiait avec beaucoup d'intérêt depuis plusieurs jours la traite ainsi comme une gamine. Sauf qu'enfin elle l'avait abordé. Il était hors de question qu'elle recule. « T'acceptes que le liquide, comme payement ? » « Tu m'intéresses. Qu'est-ce que t'as à proposer ? » Répondant à sa question par des gestes, elle attrapa le col de la chemise noire de Ziggy, le tira vers elle, et cola ses lèvres sur les siennes. Étonné, il ne réagit pas directement, mais finit par lui répondre avec un sourire. Leur baiser dura longtemps. Ce fut Elmi, émerveillée, qui le rompit, regardant Ziggy avec insolence. « Je crois que je peux faire une exception pour toi, vu que tu es une nouvelle cliente... » « Tu te contenterais de ça ? » Il sourit. Ça voulait tout dire. Elle lui attrapa la main, et l'entraîna avec elle, tandis qu'elle s'en allait dans la direction opposée, tandis qu'elle rougissait de plaisir. Ils restèrent la journée chez elle, passant moins de temps à discuter que dans son lit. Et il s'éclipsa, tandis qu'elle dormait, au petit matin.
Ils ne se revirent plus un mois durant.
Jusqu'à ce qu'un jour, elle sonna à sa porte. Il ouvrit, la regarda un instant. « On se connait ? » Le visage de la jeune femme se décomposa lentement. Elle n'était pas naïve au point qu'il l'accueille à bras (ou jambes) ouverts, mais de là à ne plus la reconnaître... « Tu... Tu ne te rappelles pas ? Elmi ! » Il réfléchit, secoua la tête. « Nan, désolé, ça me dit rien. » Elle était stupéfaite, et la sincérité du jeune homme faillit la faire éclater en sanglots. Elle n'était pas réellement amoureuse de lui, elle le connaissait à peine, mais elle avait pourtant eu l'impression qu'il s'était passé quelque chose de fort entre eux, la dernière fois. « Je peux entrer ? » Il haussa les épaules. Sous la colère, elle le bouscula, et passa la porte, rejoignant le petit salon de l'appartement de Ziggy. Ce dernier la rejoignit, appuya son épaule sur le mur, croisa les bras, et attendit qu'elle s'explique. « On a couché ensemble, il y a un mois. » Aucune réaction. « Une bonne dizaine de fois, le même jour. » Toujours rien. À croire que ça ne le surprenait pas plus que ça. « Tu t'en fous ?! » Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, tenta de se reprendre. Quel connard. Dire qu'elle avait craqué pour cet abruti ! Au point de chaque jour s'arrêter à la terrasse en face de laquelle il faisait ses petites affaires, et de le dévorer du regard. Elle n'en revenait pas. Elle le détestait. Et pourtant, elle ne put s'empêcher de le vouloir. « Et bien je demande ce qui t'amènes. On a couché ensemble, et après ? » En réalité, malgré son regard impassible, presque indifférent, il était intrigué par sa présence ici. « Tu veux savoir ? Ça t'intéresse ? » Elle était hors d'elle, et pourtant, elle le désirait. C'est ce qui la poussa à mentir, une fois de plus. « J'ai ton rejeton dans le ventre, figure-toi ! » Sur le coup, il ne l'avait pas vue venir, celle-là. Ses yeux s'agrandirent d'eux-même, avant qu'il ne puisse se maîtriser. Choqué, il la dévisagea un instant. « Tu... Tu mens, c'est pas possible... » Chose rare, il perdait le contrôle de lui-même. « Comme si j'allais baratiner un truc pareil. » Elle ronchonnait à présent. Ce qui n'échappa pas à Ziggy. Qui douta aussitôt. « Tu comptes pas garder ce môme, j'espère ? » Elle s'indigna. « T'es le père de ce gosse, un peu de respect. »
C'est ainsi que prit fin la discussion. Ziggy, à présent parfaitement conscient des mensonges d'Elmi, se contenta de promettre de l'aider si elle en avait le besoin. Depuis près de deux semaines, à présent, elle se débat avec son mensonge, sous l'œil amusé d'un Ziggy, qui continue de faire semblant, sans pour autant se gêner d'aller s'amuser dans son dos.