Bluberry E. Kingston || What else ?!

(c) Misery angel

CLOSE YOUR EYES, CLEAR YOUR HEART, CUT THE CORD
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Dear Mum,

Aussi loin que je m'en souvienne je t'écrivais une lettre au moins une fois par mois... Cette fois-ci, je dois me rattraper d'une année entière ! Ma vie a été plutôt mouvementée, comme toujours tu me diras mais tout est décuplé cette année-ci. Je sais que ce n'est pas une excuse mais je suis en dernière année à l'Université, mon TFE me rend dingue et je bosse comme une force-née... Et enfin la chose que tu ne veux jamais entendre mais que je te raconte à chaque fois, je sors, je m'amuse, je bois, je fais des rencontres... Bref une parfaite petite vie d'adulte irresponsable. Je sais que tu aurais détesté ça, mais c'est ce qui m'aide à tenir, tu sais j'ai toujours eu une vie parfaite, enfin presque. J'ai toujours eu ce que je voulais, je n'ai jamais manqué de rien, j'étais la petite fille la plus gâtée du monde et aussi la plus capricieuse mais jamais je ne penserais devoir me trouver une substitution à ta présence. Tu as toujours été présente pour moi, entre deux plaidoiries, tu étais à mes côtés, contrairement à papa qui lui était toujours coincé au boulot avec des patients plus barge les uns que les autres. Jusqu'à mes 17 ans, je menais la vie la plus parfaite, celle dont toute ado' rêve, mais un soir, ce soir-là, tout a basculé. L'incendie qui s'est déclaré soudainement nous à toutes les deux surprises, j'étais dans le fauteuil tranquillement en train de regarder la télé et tu lisais un bouquin sur la table juste en face dans notre petite maison de vacances. Je me rappellerais toujours les flammes qui commençaient à lécher les murs du salon, tu as essayé d'ouvrir la porte d'entrée pour nous libérer de cet enfer, mais une flamme gigantesque t'as barré le passage. Tu es venue vers moi, m'a tiré par le bras et nous avons couru jusqu'à la porte de derrière mais la fournaise s'était déjà emparée de toute la maison. Le plafond commençait à tomber, le feu avait pris si rapidement... Une maison complètement en bois... Lorsqu'un bout du plafond a fondu juste sur nous tu m'as écartée violemment et quand je me suis retournée, tu étais dessous. Tu m'as hurlé de m'enfuir, de ne pas me retourner, de passer par la fenêtre et d'appeler du secours. Je ne t'ai évidemment pas écouté, j'ai sauté par dessus le fauteuil en flamme et j'ai tenté de te sortir de là juste au moment où un autre bout du plafond s'est effondré à deux centimètres de moi, là tu m'as supplié de partir, tu pleurais. Je pleurais à mon tour si fort que les larmes embuaient mes yeux, j'ai longuement hésité, mais ton regard m'a transpercé le coeur. Ce soir-là, tu m'as sauvé la vie. Je ne cesse de repenser au moment où les pompiers sont arrivés et où ils ont sortis ton corps des flammes. J'ai essayé de te dire au revoir mais ils m'en ont empêché, selon eux je ne devais pas garder cette image de toi. 6 ans plus tard, je n'ai toujours pas fait mon deuil, 6 ans plus tard je me sens toujours obligée de t'écrire, toi qui t'es sacrifiée pour moi... Tu me manques tellement. San Francisco est une superbe ville, tu t'y serais tellement plu. Une fois par an, papa vient me voir, il habite toujours dans notre maison à New York, tu sais lui non plus ne s'en est jamais remis. Il travaille encore plus qu'avant, pour tenter d'oublier, mais je le vois bien, sa vie est un enfer. La mienne ne l'est pas, je te considère comme toujours là. C'est plus simple comme ça, tu sais, j'ai un caractère horrible, je dois l'avoir hérité de toi.. Cette hargne et cette impétuosité... Je suis une peste sans sentiments, ça fait bien trop mal. C'est plus facile d'avoir un coeur de pierre que d'admettre que le mien est brisé. Beaucoup de gens me détestent pour ça. Mais je m'en fous. Je vis, je vis à 100 à l'heure, je ne m'arrête jamais, je profite de chaque instant, pour moi, le plus important est de n'avoir aucun regret. Les miens envers toi remontent parfois à la surface mais je sais que tu n'aurais pas voulu ça, je sais que tu serais fière de moi j'en suis certaine... Je t'écrirais très vite, car tu me manques beaucoup, et puis avec toi je peux être moi-même, avec toi je suis ce que j'étais avant l'accident..

Love, Blue..