IHSAN ♣ the end has only begun.

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IHSAN KIRSTEN FRANKLIN
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J'ai actuellement vingt-quatre ans, j'habite à San Francisco depuis toujours. Je suis célibataire. Je suis née le trente et un mars 1986. Je fais des études de droit. Si on me demande dans quelle classe sociale je suis je répondrais aisée.

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QU'EST-CE QUI A FAIT, DANS TA VIE, QUE TU SOIS UN FUCKED ? L'histoire de la jeune femme a beaucoup influé sur son statut, aujourd'hui. Ihsan n'a jamais pu faire son deuil, suite à la mort de son père. Vivre en compagnie d'une belle-mère méprisante et d'un frère violent, ce n'est pas vraiment la vie à laquelle elle avait rêvé. Cette famille est très particulière. En effet, Viera Franklin, anciennement Goldsmith, déteste sa belle-fille depuis sa naissance, copie conforme de son mari décédé. Suite au drame, Viera a toujours favorisé son propre fils, Nezir. Arcadius Franklin a quitté sa famille lorsqu'Ihsan avait dix ans à peine. Il aimait sa fille plus que tout au monde et se méfiait légèrement de son beau-fils. Il fut en effet la seule personne à laquelle Ihsan ait réellement tenu. Pourtant, il l'a abandonnée. Ainsi, la peur de l'engagement et de tout ce qui concerne l'attachement aux autres prend son origine ici, de la relation brisée qu'elle entretenait avec son père.
AS-TU DÉJÀ ÉTÉ DE L'AUTRE CÔTÉ ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que la petite Franklin, fut jusqu'à l'âge de dix ans, une peste. Ce fut une hypocrite infaillible, manipulatrice sans égal et sadique au possible. En effet, durant sa première décennie, Ihsan savait s'attirer l'estime des plus grands et endosser le rôle de la petite fille adorable. Pourtant, elle n'en était pas moins terrible.
À la mort de son père, la vie de l'enfant a basculé. Dans tous les sens du terme. Victime dans sa propre demeure, rejetée des autres pour n'être que l'orpheline héritière des Franklin, utilisée par sa belle-mère intéressée. C'est ainsi que son propre rôle de bourreau s'est retourné contre elle. Elle a goûté à l'Enfer de cette soumission, cette humiliation.
ADMIRES-TU LES FUCKERS ? Je les envie de penser que la vie est si facile, si simple. Pourtant, leur monde n'est qu'hypocrisie et lutte de pouvoir. Ils pourraient tous s'entretuer pour de simples victimes. Ils ne peuvent s'entendre avec nul autre, condamnés à la solitude. Des sentiments, une alliance, ne serait-ce qu'un ami se résumeraient à l'auto-destruction, leur univers s'en verrait écroulé. Leurs relations ne sont que rapports de force, un combat éternel pour le pêché. On ne peut vivre dans le jeu perpétuel, dans la démesure. Comme a dit la Comtesse de Blessington « La fierté a rarement un juste milieu, on en a trop ou pas assez. » Je me sens parfois chanceuse de vivre dans un monde parallèle à celui-ci, pour y avoir déjà goûté.
VIS-TU UNE HISTOIRE D'AMOUR À LA ROMEO&JULIET AVEC UNE PERSONNE DE L'AUTRE GROUPE ? Ce serait mon pire cauchemar. Prenons donc exemple sur les concernés, cette romance démesurée, cette passion les a conduits à leur perte. On ne peut rêver une telle torture, une telle dépendance. Leur amour est semblable à une drogue dure, une dévotion qui a son propre prix ; la mort. On ne peut souhaiter cela à personne. Une déchirure, un souffle de vie, une flamme destructrice. Cette histoire est seulement belle sous la plume de Shakespeare, elle est utopique et vaine à vivre, malsaine.

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CLOSE YOUR EYES, CLEAR YOUR HEART, CUT THE CORD
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San Francisco le dix-huit avril 1996

L'enfant marchait, seule, derrière le cortège, encore sous le choc. La petite évoluait telle une poupée, le visage neutre et inexpressif. Sa démarche ralentissait à chaque foulée, ses pieds ne quittaient pas le sol et ses chaussures de cuir, sûrement trop petites pour elle la blessaient. Elle s'interrompit et fixa l'assemblée qui progressait, aux devants. La chaleur lourde l'accablait, sa robe lui tenait chaud et l'entravait dans ses mouvements. Un mal de tête la torturait. Tout lui indiquait de s'arrêter, d'arrêter de lutter, de rendre les armes. Et ce fut, debout, observant la foule qui s'éloignait, qu'elle pleura toutes les larmes de son corps, dressée face au soleil, révoltée contre la vie et décimée par la mort de son père.

« Ihsan ? ... Ihsan ! Je t'ai cherchée partout, secoue toi ! Le jeune Nezir Franklin, le demi-frère de l'enfant, lut la tristesse dans les yeux de la petite fille, la chair de cet homme qu'il avait détesté et haït tant d'années. Viens ici. »
Il attrapa l'enfant par le bras et la secoua légèrement. Elle tremblait et pleurait, suivant le cercueil qui montait vers le cimetière, escorté d'une famille brisée, des personnes fausses qui se disaient désolées du décès de Monsieur Arcadius Franklin. Ihsan les maudissait, du haut de ses dix années de vie, passées aux côtés de ce père qui avait tout été pour elle, son ami, sa vie, son essentiel.

San Francisco le vingt-sept mai 1997

« Nezir ? ... Nezir !
- Boooooooo ! »
Un cri strident retentit dans la riche villa des Franklin, enracinée sur les rivages de la baie de San Francisco. Des bruits de pas légers se firent pourtant entendre dans le couloir principal. Une porte claqua. Le jeune Nezir, âgé d'une quinzaine d'années, suivit sa jeune demi-sœur, apeurée. Il souriait, un dessin parfait courbait ses dents grises, extrêmement acérées. D'une course silencieuse, il atteint la chambre d’Ihsan et frappa de son poing blanc sur le bois vernis. Après quelques instants, il retira le dentier effrayant qui représentait des dents de vampire ensanglantées, la cause de la frayeur de la jeune enfant. L'aîné des Franklin assaillit à nouveau la porte de violents coups. « Tu ouvres, oui ou non ? » Il tambourinait aussi sur la poignée. « Tu l'auras voulu ! » Nezir poussa violemment la porte, éjectant sa jeune sœur un peu plus loin. Celle-ci se redressa calmement, une main protégeant son crâne, enroulée dans ses cheveux chocolatés. Tremblante, elle leva les yeux vers son frère, qui souriait cruellement. Ihsan laissa échapper un sanglot avant de renifler brièvement. « Tu n'es qu'une pauvre trouillarde, tu m'fais honte ! » D'un rapide geste de la main, Nezir frappa violemment sa petite sœur sur sa joue blanche, qui ne tarda pourtant pas à virer au rouge. Cette atteinte furtive doucha la cadette des Franklin qui demeurait immobile, les yeux vides. Elle venait de subir la violence de son demi-frère, de celui qui partageait sa maison, sa chambre, sa vie. Bien qu'elle n'ait pas de rapports très poussés avec lui, la jeune enfant ne comprenait pas ce geste cruel. Les larmes dévalèrent le visage meurtri du petit bout de femme, adossée contre le mur peint d'une couche anis. Des bruits de talons et une voix aiguë troublèrent les pensées d’Ihsan, qui pourtant n'arriva pas à déchiffrer les mots de la simple phrase qui retentit. Nezir s'empressa de pousser la petite brune, comme brisée et dépourvue de muscles valides, sur son lit défait avant de s'éclipser silencieusement. Le dernier regard qu'il jeta à l'enfant désarçonna un peu plus encore celle-ci, hébétée.

San Francisco le treize décembre 2000

Feignant d'être froide et dur, de ses yeux basculant du brun au noir, Ihsan fixait son frère. Elle essayait en effet de lui faire comprendre où elle voulait en venir. Nezir réagit rapidement et, un sourire narquois dessiné sur ses lèvres harmonieuses, il décréta ses quelques mots, blessants et pourtant nécessaires pour lui, pour lui-même, cruel.
« Mère, Ihsan a eu une mauvaise note aujourd'hui, elle comptait vous le
cacher. »
La belle-mère tourna brusquement son visage angélique en direction de celle qui n'était rien de plus la fille de l'homme qu'elle avait aimé, sa fidèle reproduction. Elle fronça les sourcils, rien de plus. La petite brune, après avoir poussé un énorme soupir en remerciant ironiquement son frère, attendait la sentence de Viera, amère.
« C'est vrai cela, Ihsan ?
- Oui, répondit l'enfant dans un murmure, subitement obnubilée par son assiette de haricots vers, préparés par la bonne chinoise au-pair, employée de la noble famille.
- Il ne faut pas que tu me caches des choses, chérie. »
Ce surnom affectif sonnait pourtant faux entre les dents de la froide veuve Franklin. Après un léger silence, Ihsan se risqua à relever les yeux, sa belle-mère recommença de plus belle, d'une voix plus douce qu'auparavant.
« Tu aurais dû me le dire. ... Enfin, ne t'inquiète pas, j'ai toujours su que tu n'égalerais jamais ton frère. »
De sa démarche impériale, Viera Franklin vint embrasser l'enfant sur le front, ses lèvres froides grincèrent sur le visage d’Ihsan, décontenancée. Son regard se perdait à contempler la tapisserie brune, douchée. Les paroles de cette femme l'avaient paralysée. Quelle mère aurait osé dire cela à son enfant, sa fille ? La nuance était sûrement là, elle ne l'était pas. Elle n'était pour elle qu'un fléau, une réminiscence qui la hantait incessamment pour lui rappeler que son parfait mari l'avait quittée, l'avait laissée seule pour s'occuper de son enfant et de Ihsan, qu'elle n'avait jamais apprécié, mais qu'elle se devait d'élever. Un sourire illuminait pourtant les lèvres de l'avocate.
« Finis de manger, ton plat va être froid. »

San Francisco le vingt-sept octobre 2004

Dépourvue de sa démarche féline et gracieuse habituelle, Ihsan titubait maladroitement en descendant les marches de l’université, pâle. La petite brune redoutait ce moment depuis déjà plus de vingt-quatre heures. Ses mains tremblaient, effrayée. En effet, la jeune Franklin, depuis son entrée à la Golden Gate University, redoutait son premier jour, synonyme de bizutage. Ihsan se permit de jeter un léger coup d’œil autour d'elle, un sentiment de soulagement dénoua son estomac, Gina ne s'était pas présentée ici. Elle prit ainsi une petite ruelle pour échapper à son destin, ne pas se rendre dans le bar désigné. Elle trottinait, animée par une terreur saisissable. Ses jambes de coton arrivaient avec peine à la porter dans sa course insensée. Pourtant, celles-ci la conduisirent rapidement au « Smiling Moon. » Elle s'immobilisa devant la porte de bois et expira calmement, elle ferma les yeux quelques instants pour reprendre confiance en elle. Elle pénétra dans la pièce d'où émanait une puanteur alcoolisée, mélangée à une quantité de fumée. Gina Rodriguez, jeune espagnole en troisième année de commerce l'invita à la suivre dans l'arrière-boutique. L'américaine se contenta de la suivre, attendant patiemment le verdict. Un jeune homme, encore bénéficiaire d'un immonde appareil dentaire était assis, par force sûrement, les mains attachées dans le dos par un rouleau de ruban adhésif dans le pire des cas. C'était en effet l'un des premières années, tout comme Ihsan. La fine brune qui l'avait menée ici l'interpella sèchement, bien qu'une pointe d'amusement demeurait audible dans sa voix, ôtée de grandes émotions.
« Apprend lui la vie avec un petit strip-tease Franklin. » Notre jeune américaine toussa légèrement, avant déglutir. Pourtant, elle se dut de reprendre possession de son déhanché adulé par maintes autres femmes, et débuta son numéro de charme. Elle se débarrassait peu à peu de ses vêtements, tout en prenant soin de rester plus ou moins éloignée du petit garçon boutonneux qui avait droit à ce somptueux spectacle. Celui-ci se mordait en effet la lèvre inférieure tout en murmurant des mots inaudibles, même à l'oreille d’Ihsan qui demeurait relativement collée à lui. Lorsqu'elle ôta son haut sombre, ses formes généreuses simplement retenues par sa lingerie envoûtante, l'étudiant ne put refouler son signe d'excitation, serrant pourtant les jambes pour le dissimuler.
« Bon travail Franklin, tu as sûrement été la plus rapide à lui faire comprendre ton anatomie. » Un rire cinglant se vit rapidement rejoint par celui de la totalité des élèves présents dans la pièce. Déterminée, Ihsan voulait pourtant prouver de quoi elle était capable, susceptible de toujours terminer ce qu'elle commençait. Elle fit donc glisser son pantalon au sol, pour se retrouver en sous-vêtements échancrés au milieu de tous ces mâles. La petite américaine reprit possession de ses habits, sans pour autant les enfiler et quitta le bar dans cette tenue indécente, pour rejoindre le campus. Malheureusement, cette petite mise en situation fut la première d’une longue série, cette victoire ne parvint pas à rehausser l’estime que les étudiants avaient à son égard.