Il ne suffit pas de se mettre une plume dans le cul pour ressembler a un coq. ♣ Raph'

(c) lj

CLOSE YOUR EYES, CLEAR YOUR HEART, CUT THE CORD
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I - « Notre société est comme un bal masqué, chacun y cache sa véritable nature avec un masque. » ROBERT LOUIS STEVENSON

Joshua & Jessica X (parents biologiques de Raphaël) :

« Ohhhh Raphaël était un bébé tellement adorable, on avait envie de croquer ses petites fesses toutes potelées. » « Oui, il a même faillit nous faire changer d'avis. Nous avons presque faillit le garder, il avait l'air d'un ange mais, bon finalement on ne regrette pas notre décision, nous avons entendu dire qu'il avait été adopté par une famille géniale & ayant de l'argent. » « N'oublies pas qu'on a surtout pu faire notre tour du monde comme ça mon chéri. »

Christopher & Julia Fitzgerald (parents adoptifs) :

« Tout d'abord nous voulions un garçon, cela a considérablement réduit notre choix puisqu'il y avait principalement des filles. » « Effectivement, j'ai rarement vu aussi peu de garçons à un orphelinat. Passons ce détail, si nous avons choisit Raphaël c'est simplement parce qu'il était le seul à ne pas pleurer & qu'il ne regardait avec de grands yeux émerveillés. » « Il semblait intéressé par tout, il n'avait qu'un an pourtant. Il ressemblait au petit garçon parfait que l'on voit parfois dans les films. Il était le message de Jésus, celui qui devait faire notre bonheur & notre joie. »

« Remets bien ta cravate s'il te plait Raphaël, tu nous fais honte en étant aussi négligé. Que vont penser les gens de l'Eglise si tu arrives comme ça ? »
Qu'est-ce qu'ils vont penser ? C'est exactement la question que je me pose. Que je suis ridicule sans doute. Esprit enfantin ne comprenant pas les rouages compliqués de la société, du paraître qui prédomine sur tout, avoir l'air parfait. Il n'y a que ça de vrai, après tout, on ne peut pas l'être, nous avons trop de défauts pour pouvoir nous considérer comme parfait mais, cependant nous apprécions l'idée de nous en approcher en apparence. Maintenant, il ne reste plus qu'à expliquer ce désir d'être envié par tous à un garçon de 10 ans qui ne pense qu'à jouer avec ses amis durant la récréation, qui voit le monde comme le repère des binounours. Non la vie est compliquée, ce fut en tout cas la meilleure période de ma vie après celle passée avec Rusty. Aucune raison de me prendre la tête, puisque tout me semblait parfait, je trouvais les reproches de mes parents légitimes, en tout cas la plupart. 10 ans, vie de rêve, parents ayant de l'argent, gentils en dehors du fait qu'ils sont strictes & m'apprenant les bonnes manières ainsi que la valeur des choses. Le fait d'aller à l'Eglise tous les dimanches, le fait de devoir faire une prière chaque soir & de bénir mon repas avant de manger ne serais-ce qu'une madeleine, il ne s'agit que de petits détails, de choses que je peux faire en échange de tout ce que m'apporte Jésus dans la vie. Car oui, j'étais assez stupide pour imaginer que Dieu était responsable de la création de la terre, qu'il était celui qui faisait notre monde & que suivant nos actions il pouvait être clément avec nous. Alors voilà ma vie à dix ans, celle d'un gamin ayant eu l'amour de parents adoptifs soit disant exemplaire qui m'apprirent énormément de choses comme beaucoup de conneries, j'étais un parfait petit chrétien croyant à l'amour de Jésus.



II - « Tu vois quand tu fermes les yeux et que tu désires un truc très fort. Et bah Dieu c’est le mec qui en a rien à foutre. »

Don Cooper (garçon étant dans la même classe que Raphaël à l'époque du lycée) :

« Je crois qu'il n'y a que son meilleur ami qui pourrait vraiment vous parlez de lui. En faite, il n'y a pas grand monde qui le connaisse vraiment. On le voit plus souvent tout seul dans son coin qu'à faire la fête avec nous. Il est franchement bizarre comme gars, il parait même qu'il va tous les dimanches à la messe. 17 ans & passer ses dimanches matins dans une église … C'est déconné ma parole. En tout cas, ça doit plaire aux filles car il y en a un paquet qui passe dans son lit. »

Gia Stevens (une conquête parmi d'autres.) :

« J'ai tout de suite eu envie de coucher avec lui quand je l'ai vu en train de répondre au professeur de philosophie. Non mais, il était tellement sexy quand il l'a remballé & puis vous auriez dû voir la tête du prof, hallucinant quoi ! Au début j'ai cru qu'il était puceau, on avait plus l'impression qu'il voulait parler que coucher mais, après … Rien à dire, il est sûrement pas puceau. »

Réveil au plus tard à 9h le matin & ceux même durant le week-end, pas dehors après minuit, toujours être habillé de manière convenable, la prière avant chaque repas & avant d'aller dormir, la messe du dimanche. Tant de choses qui ne semble guère importante quand on est enfant mais, qui deviennent franchement énervante quand on est adolescent. Parfois il m'arrive de me demander ce que penser vraiment mes parents pour faire ce genre de choses, je veux dire que bénir un repas est stupide, il aura toujours le même goût. Et puis ne pas être dehors après minuit, ridicule franchement, il ne voulait pas comprendre que quand on a cet âge on veut découvrir de nouvelles choses, sortir, faire la fête, profiter de la vie pleinement & réellement car, non on ne profite pas de la vie en s'unissant à Dieu. Evidemment ils ne voyaient pas les choses de cette manière, les crises à la maison étaient devenus quotidienne, ils avaient toujours quelques choses à redire sur ma conduite, je ne m'habillais pas convenablement, mes soupires d'ennuis durant leurs prières les rendaient dingues ainsi que les heures de colles parce que j'avais mal répondu à un professeur. Au bout d'un moment cependant ils ont laissés tombé, ils voyaient bien que ça ne servait à rien de m'empêcher de faire quelques choses, ça ne rendait que plus excitant de le faire. Après tout l'interdit a toujours était plus tentant. C'était enfin la fin des prières le soir, bonjour grasse matinée & fête à gogo. En quelques mois j'étais devenu quelqu'un d'autre, je sortais tous les soirs, j'avais découvert la joie de l'alcool, du sexe & d'un peu de drogue de temps en temps, finit les "il ne faut pas, Dieu n'accepterait pas ça", au revoir Dieu & Jésus ainsi que toute la famille, bonjour liberté totale. En parallèle de mon changement, la vie chez moi se calma enfin. Mes parents acceptèrent mon rejet de la religion & moi j'acceptais leur croyance infini dans celle-ci, c'était une sorte de marcher que nous avions passé. Beaucoup de choses avait changé en peu de mois, j'étais toujours ce garçon solitaire mais, j'avais soif de connaître tout ce que j'avais raté, en particulier les jeunes femmes. Ahhh mon dieu quelles tentatrices elles étaient & je ne pouvais résister. Le plus marrant était quand ma mère me parlait de certaines jeunes filles de son église, elles venaient de famille respectable & ne cessait de dire que nous aurions formé un couple magnifique, seulement ce qu'elle ne savait pas c'est que la plupart du temps, j'avais déjà couché avec cette si respectable fille.
Seulement je me suis brûlé les ailes à vouloir voler aussi haut dans le ciel. La drogue vous fait planer, cette petite pilule ne peut qu'être inoffensive, elle n'est rien si ce n'est une petite exception, un petit quelque chose qu'on avale de temps en temps pour s'amuser & profiter pleinement de la fête. Puis, l'exception n'est plus, on finit par prendre goût à cet état de bonheur permanent, le paradis est là, en face de nous. Certes il s'agit d'un paradis artificiel mais, tellement plus réel que Dieu qu'on préfère croire en ce bonheur qu'en quelque chose d'inconnu. On pense pouvoir garder le contrôle total, pouvoir s'arrêter quand on le souhaite parce qu'après tout : "J'ai dit que j'étais un drogué, j'ai jamais dit que j'avais un problème." La vie suit son cours elle aussi, impossible à stopper. Le coeur continue à battre & sans qu'on puisse le voir il s'attache au coeur de quelqu'un d'autre d'une fille formidable, d'une fille qu'on ne pensait pas mériter parce que entre temps, la drogue a continué son travail & est devenu un besoin permanent, un bonheur qui est pourtant devenu inutile puisqu'on a trouvé le bonheur avec une fille qui porte le doux prénom de Rusty. Dans un élan stupide on continue a se détruire intérieurement, on rentre encore plus dans ce vice puisqu'on commence même à le dealer, on vend ce bonheur artificiel pour se rassurer & se dire qu'on est pas seul. Mais, si au final on l'est, mes parents désemparés par la situation m'ont foutu à la porte de chez eux, ils ont perdus leur foi dans Jésus parce que s'il avait été bon il n'aurait pas laissé faire ça. Je m'accrochais alors un peu plus dans mon paradis, remplacer l'amour des parents par des produits chimiques ... Idée complètement surréaliste quand on est clean mais, qui semble logique une fois qu'on ne fait qu'un avec eux. S'en suit alors une longue descente, pour finir au fond de tout, finir au milieu de l'océan atlantique parce qu'on a pas eu le courage d'avouer sa faiblesse devant la fille pour qui on était prêt à mourir, pour qui on était prêt à tout, alors on ment, on dit qu'on a envie de se barrer & on le fait. En guise d'adieu un dernier "je t'aime" complètement inutile puisque qu'on vient de briser le coeur de l'autre en même temps que le nôtre se tuent à petit feu, on vient de lui enlever sa raison de battre.

III - « Je veux mourir dans tes bras, plus heureux dans la mort que je ne le fus durant toute ma vie » Henri Stendhal.

Anthoine Harris (membre de l'équipage du bateau) :

« Au début, il était vraiment bizarre, il ne parlait à personne pour tout dire, toujours dans son coin avec sa cigarette & son cahier où il écrivait & dessinait. Tête en l'air aussi, plus les jours passaient plus on avait l'impression qu'il aurait pu tuer quelqu'un, il a d'ailleurs fini à l'infirmerie. Je m'en rappelle bien parce que c'est moi qui l'ai retrouvé, il était dans une des douches du bateau & laissait coulé l'eau alors qu'il était habillé dessous. Il nous a fallu plusieurs secondes à moi & à Andrew pour voir qu'il tremblait, c'est en même temps qu'Andrew m'a dit que c'était un drogué & qu'il devait sans doute avoir du mal à trouver tout ce qu'il désirait sur le bateau. Pauvre gamin, à peine 19 ans & déjà accro' à ces merdes. Heureusement après il a commencé à redevenir "normal", il doit être clean maintenant.»

Citation :

Les jours passent & se ressemblent, il ne s'agit que d'une répétition du précédent. La mer se ressemble partout quand t'es au milieu de celle-ci, c'est bleu, bleu & bleu. Les tâches sont toujours les mêmes, en particulier pour moi à 20 ans ils ne me laissent pas faire grand-chose de technique, je passe mon temps à éplucher des pommes de terre & à m'occuper de choses qui demandent d'être en forme. De toute façon ce n'est pas le pire, ça ne fait que deux semaines que je suis sur le bateau & je sais que je ne ressens pas encore le manque de l'escta', je le sais parce qu'il me reste encore une mince réserve de ce bonheur artificiel, cependant bientôt je sombrerais dans les affres de ce manque. Cela s'ajoutera à la douleur perpétuelle que je ressens dans ma poitrine, c'est un tout autre manque mais, il est aussi violent qu'un coup de pied bien placé. Deux semaines, quatorze jours, trois cents trente-six heures, vingt mille cent soixante minutes, pas moins de un million deux cents neuf mille six cents seconde. Ca n'est peut-être rien pour vous, on ne se rend pas compte à quel point une personne peut vous manquer tant que vous ne l'avez pas perdu, pourtant je savais que perdre Rusty c'était m'enlever le coeur. Je le savais, c'est con parce que j'aurais pu trouver un moyen de lui dire que j'étais comme c'est foutu drogué qui ne peuvent vivre sans, j'aurais peut-être dû lui dire qui j'étais vraiment mais, je n'ai pas pu. Foutu fierté masculine, saloperie d'envie d'avoir l'air parfait aux yeux de ma douche. Voilà où ça m'a conduit, au milieu de nulle part & dans l'attente que mes démons viennent se venger de ma trahison.

22 juin 2008, milieu de l'Atlantique.

Citation :

"Je suis le maître de mon destin. Le capitaine de mon âme." C'était vrai durant un temps ... Bon dieu ce temps me manque, je ne suis que l'ombre de moi-même. Chaque cellule de mon corps réclament l'objet tant attendu, je ne désire plus qu'une petite pilule magnifique, une douceur qui me ferait oublier cette douleur permanente qui m'empêche de tout faire, c'est à peine si je peux écrire. Mes mains tremblaient tellement aujourd'hui que je me suis coupé une dizaine de fois avec l'éplucheur. Je suis pathétique, les gars de l'équipage me regardaient bizarrement. Mais, le pire n'est pas la douleur dû au manque, je m'y étais préparé, j'aimerais juste pouvoir prendre mon crayon & recommencer à dessiner son visage sur ce papier. Rusty, qu'est-ce que j'ai fait ? Chaque jour est une torture loin de toi, dans des élans stupides je m'imagine à tes côtés, en train de te prendre dans mes bras puis laisser mes mains caresser tes cheveux alors que mes lèvres redécouvrent les tiennes avec envie. Puis finalement la réalité revient au galop, la froideur de la pièce se fait plus insistante sur ma peau, l'air devient irrespirable & l'envie de me jeter du pont est omniprésente, rejoindre la mer infinie, la chaleur du volcan de cette île & me laisser aller. Stopper la destruction, voir enfin si Dieu existe même si j'ai plus de chance de fricoter avec le diable qu'autre chose. Car, c'est l'enfer qui m'attend & dans un dernier excès de lucidité je murmure pardon à ton souvenir qui lui seul est capable de me faire tenir devant les portes de mon obscure prison.

30 juillet 2008, Island

Citation :

Le temps passe, les secondes défilent inexorablement & j'attends avec impatience la fin de mon périple, car ça va faire maintenant que je suis parti en mer loin de toi, de ton coeur. Seulement aujourd'hui l'heure du retour a sonné, l'heure des retrouvailles arrive de plus en plus vite & mon rythme cardiaque ne peut s'empêcher de s'emballer en repensant à toi. Je ne t'ai pas oublié Rus', je ne pourrais jamais, deux ans n'ont pas suffit, vingt ans ne suffiront pas, mon coeur t'appartient je crois. Je sais que je t'ai blessé dans le passé, je m'en voudrais à jamais pour ça mais, laisse-moi te montrer que j'ai changé, je ne suis plus ce petit junkie qui cherchait la merde & qui se bagarrait à chaque fois qu'il était en manque. Toi & moi c'est pour toujours & je ferais tout ce que je pourrais pour te le prouver car, je ne doute pas que tu dois être passé à autre chose. Seulement lui ne saura jamais t'aimer comme je le fais maintenant, il ne saura jamais quel mot prononcer pour te faire sourire quand tu auras peur, il ne regardera jamais ton film préféré pour la millième fois, ne te chantera pas une chanson après avoir écrit & pensait chaque mot. Il ne sera jamais moi & c'est là toute la différence. Tu te rendras compte que je suis le seul comme tu es l'unique parce que je t'aime comme jamais. Tout du moins je l'espère, ce ne sont peut-être que des espoirs mais, je ferais de mon mieux pour te retrouver. En tout cas je dois avoir l'air débile d'écrire ça puisque tu ne le liras jamais ... & Les dessins de toi ne peuvent malheureusement pas lire.

2010, San Francisco