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| Sujet: Birds of a feather, flock together ♠ LANE Jeu 13 Mai - 20:21 | |
| Samedi 15 mai 2010 21 heures Vélo Rouge Café
Nous sommes un samedi soir, et miraculeusement, je ne travaille pas. Le bar où je suis employée est fermé pour tout le week-end, ils se sont enfin décidés à faire quelques travaux. J’habite à San Francisco depuis un an et demi, et si je me suis fais quelques amis depuis mon arrivée, mon côté solitaire ne m’a pas permis de faire beaucoup de rencontre. Aussi suis-je un peu déçue de voir que personne n’est libre ce samedi soir pour sortir avec moi. Personne ? Ce n’est pas tout à fait vrai, car Lane est bien là, lui, et a répondu présent à mon appel, une heure plus tôt… Je jette un coup d’œil à mon portable, il est vingt et une heure, il ne devrait pas tarder. Tranquillement, je pousse la porte du Vélo Rouge, fameux café où j’ai commencé à travailler en arrivant à San Francisco. Le patron était une crème, il m’avait aidé à trouver une chambre, à remplir les papiers… Je m’installe à une petite table, près de la fenêtre. C’est ma place favorite, je sais que c’est aussi celle de Lane, et qu’assise ici, il me trouvera sans hésiter. La table est contre la fenêtre, ainsi peut-on regarder au dehors, observer les gens, les jeunes qui vont en boîte, les cadres supérieurs qui rentrent chez eux retrouver bobonne après une journée à rester assis derrière un ordinateur, les ados qui ont fait le mur et tiennent maladroitement une cigarette entre leur doigts, les bandes de filles qui piaillent et matent les passants… J’aime me laisser porter, imaginer la vie de ces inconnus… Je ne sais pas vraiment si Lane apprécie ce genre d'activité, pour ma part je pourrais rester là des heures... En vérité, je ne connais pas grand chose de lui. Nous nous sommes rencontrés il a environ six mois, un vendredi soir, il était plus de minuit, nous étions là, tous les deux, accoudés sur le bar. Et moi, avec mon franc-parler habituel, je l'ai abordé, sans prendre de pincettes. Je n'ai dis qu'une seule chose, une phrase, une simple phrase : "tu voudrais pas coucher avec moi ?". Oui, ça avait été clair et net, dès le départ, et ça l'était resté. Il s'était avéré que nous avions les mêmes envies, celles de ne pas s'engager, celles de ne pas aimer. Notre relation n'en était pas une, elle était simple, inexistante. Je l'appelais, il m'appelait, rien ne nous guidait, seule l'envie de ne pas être seul, de passer la soirée avec quelqu'un. Je l'aimais bien, vraiment. On s'entendait bien, on rigolait, et nos rendez-vous avaient fini par prendre une sorte d'habitude, se passaient de la même façon. Ou plutôt, se terminaient toujours de la même manière. J’étais de nouveau perdue dans mes pensées, comme toujours aurait dit mon frère… Je jette un nouveau coup d’œil à mon portable, il ne devrait vraiment pas tarder. Le serveur arrive, je lui demande d’attendre un tout petit, oui oui ne vous inquiétez pas, j’attends quelqu’un qui va arriver d’une minute à l’autre… A peine est-il parti que je me lève, tout en farfouillant dans mon sac, et en tire un paquet de tabac et des feuilles à rouler. En général je préferais fumer de vrais cigarettes, ce genre de tabac à rouler, je ne l’achetais que lorsque la fin de mois était un peu difficile. J’aimais moins, mais c’était aussi beaucoup plus économique. Avec un soupir, je commençais à rouler ma cigarette, et sortis d’un pas traînant, espérant que Lane ne tarde pas trop.
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