(f) SAOIRSE R. ♦ young pretty cute naive girl.

« Ziggy, tu peux m'aider, s'il te plait ? » Le jeune garçon, âgé de 18 ans, leva la tête et dirigea son regard vers la petite fille en face de lui. Spencer. Petite sœur de onze ans de son meilleur ami à plein temps, élève à mi temps. Elle avait les sourcils froncés, penchée sur son cahier de mathématiques. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Souvent, Ziggy donnait à la jeune fille des leçons particulières, ou du moins, il l'aidait dans ses devoirs. Il avait dépassé le stade des calculs de sixième, mais bon, il aimait bien la vitalité de Spencer, et ça lui permettait de pouvoir traîner plus longtemps avec son frère sans avoir l'air d'un squatteur. « Je comprends rien à cet exercice » se plaignit-t-elle. Le jeune homme s'empara du cahier, lut le problème qu'elle devait résoudre, et se retrouva brusquement plongé sept ans en arrière. Silence, puis... « Pouah ! J'vais dormir ! » Sur ce, il se leva, et alla s'affaler sur un fauteuil au bord de la piscine. Spencer, toujours assise à la table de jardin, parut à la fois surprise, scandalisée et amusée. Comme Ziggy restait étalé sur le ventre, le visage plongé dans le creux de son coude, Spencer bondit de sa chaise, se dirigea vers lui, et lui tapa le dos. « Et, t'auras pas tes 5$ si tu m'aides pas ! » À ces mots, Ziggy grogna. « 5$ pour faire des maths avec une gamine pendant une heure ! Je suis sous-payé ! » Elle parut peinée. « Tu m'aimes pas ? » Le ton de sa voix surprit Ziggy, qui avait dit cela pour plaisanter. Il redressa le buste, la regarda un instant, puis lui fit un grand sourire. « Mais si, je t'aime. T'es la plus mignonne des gamines de onze ans que je connaisse. » Spencer devint rouge comme une tomate. Elle avait de la chance d'avoir un frère populaire aux amis tous plus beaux les uns que les autres. Pour ne pas montrer sa gêne, elle croisa les bras, leva le menton d'un air fier. « Moi je n't'aime pas, t'es idiot et paresseux ! » Avant même qu'elle ne puisse réagir, elle sentit des bras qui la saisirent. La piscine s'approcha dangereusement. « Noooon ! » Et il plongea tout habillé dans l'eau claire et pure de la piscine. Elle se délivra de son emprise, perça la surface de l'eau et toussa. À son tour, Ziggy émergeait de l'eau, hilare. En râlant, elle lui envoya une vague à la figure de sa main. Lui, ne cessait de rire.

Les années ont passé depuis. Spencer est devenue une belle jeune fille, Ziggy, fidèle à lui-même, est resté le même, les cheveux plus longs. Seize ans, c'est l'âge où notre cœur nous dicte ce que l'on veut. Ce que l'on veut vraiment. « Ziggy ! Attends ! » Il se retourna, vit Spencer courir vers lui. Il lui sourit, l'attendit, son sac en main. « Salut Spence. Quoi de neuf ? Un message de la part de ton abruti de frangin ? » Elle reprit son souffle, hocha la tête en signe de dénégation. « Non, non, on s'en fiche de mon frère. Tu t'en vas ? » À son tour, il hocha la tête en montrant son unique bagage. « Où ? Pourquoi ? » Il éclata de rire en entendant son empressement. « À San Francisco. Parce que... parce que ça ne te regarde pas, désolé. » Elle le dévisagea un instant. « Et nous ? Mon frère, t'y as pensé ? Et moi ? » Il hésita. Il n'avait pas prévu que la discussion prenne se tour-là. « Ouais, dis à ton frère de ne pas oublier de changer de caleçon tous les jours. Et tu es arrivée à un âge où mes compétences en maths ne suffisent plus... » Il était à peu près certain que ce n'était pas ce à quoi elle pensait. Mais il priait pour qu'il se trompe. « Qui te parle de maths ? » Il resta silencieux. Elle le regardait avec tristesse, plongée dans sa nostalgie. Elle le connaissait depuis tellement longtemps. Il avait d'abord été un inconnu, puis un simple ami de son frère, qui débarquait chez eux de temps en temps, puis elle avait commencé à l'apprécier pour son humour, là, il a été son premier amour d'enfant. Elle l'avait considéré, lui, son professeur particulier, comme un énième frère. Jusqu'à ce qu'elle découvre l'origine des papillons dans son ventre, à son approche. « Tu pars à cause de moi ? » Bim, dans ta face, Ziggy. Elle était intelligente, ça il le savait. « Pas seulement. » L'amour qu'elle lui avait porté, enfant, avait toujours été flagrant, et ça l'avait toujours amusé. Sauf que là, c'était différent. Elle avait vieilli, embellit. Mais elle restait trop jeune. Et la petite sœur de son meilleur ami. Elle était presque comme une cousine, une nièce, une sœur. Alors elle franchit le pas qui les séparait, lui attrapa la nuque, colla ses lèvres sur les siennes. Il aurait voulu se laisser aller, comprendre la nature des sentiments, encore confus, qu'il ressentait pour cette jeune adolescente. Il ferma les yeux, une seconde. Avant de les rouvrir brusquement, de la repousser gentiment. « Non. » Aucune faille dans ce refus. « Reste. S'il te plait. Je ne le dirai à personne, je te le jure ! » Il secoua la tête, troublé. « Tu comprends pas. Je peux pas faire ça à ton frère, et puis même, je suis trop vieux pour toi. » Elle se fâcha. « J'ai seize ans ! » rétorqua-t-elle. « Et moi vingt-trois ! T'entends ? Vingt-trois ! Je suis on ne peut plus majeur, et j'ai pas envie qu'on me prenne pour un pédophile ! » s'exclama à son tour de le jeune homme. Elle lui jeta un regard hargneux, avant de tourner les talons et de retourner sur ses pas, tête baissée, laissant Ziggy à ses tempêtes intérieures.